Les normes sociales ont un impact sur nos comportements tout comme nos idées et opinions font l’objet d’une construction sociale. Elles sont acquises via des processus de socialisation souvent intériorisée de façon faiblement consciente. Ce que nous faisons est en partie dictée par des usages des règles d’interaction sociale et ne relève pas de notre seule volonté. En cela, nous pouvons parler d’influence normative.
Normes
sociales : Dubois (2005-2009)
Une
norme est l’expression d’une collectivité donnée.
- Elle
fait l’objet d’un apprentissage social.
- Elle
repose sur l’attribution d’une valeur.
- Elle
n’est jamais réalisée sous l’effet de contraintes
institutionnalisées.
- La
non-conformité à la norme n’est jamais objet de sanctions
formelles, juridiques ou institutionnelles.
- L’attribution
de valeur qui fait de la norme est indépendant de tout critère de
vérité.
Dubois
souligne qu’une norme et sociale, non parce qu’elle traduit la
vérité, mais parce qu’elle désigne des utilités sociales et
permet l’arrêt la réalisation d’objectifs sociaux.
Il
est d’usage de distinguer deux types de normes :
- Les
normes de jugement qui renvoie à ce qu’il est bien vu de penser,
- Les
normes de comportement qui renvoie à ce qu’il est bien vu de
faire
Chekroun
et Bauer (2002) le contrôle social
Ils
définissent le contrôle social comme toute forme de communication
verbale ou non verbale (soupirs, visage coléreux, commentaires polis
ou agressifs, insultes, etc.) permettant aux individus de montrer à
autrui leur désapprobation du comportement contre-normatif, donc
déviant.
Plus
un comportement est perçu comme contre normatif, plus la probabilité
de désapprobation est grande.
Suggère
que les individus exercent moins de contrôle social en présence
d’autrui s’ils sont faiblement impliqués par le comportement
contre-normatif de cet autrui
Lorsque
l’implication est faible (un individu fait des graffitis dans
l’ascenseur d’un grand magasin), la présence d’autrui
inhiberait le contrôle social.
Lorsque
l’implication est forte (jeté une bouteille en plastique dans les
buissons d’un jardin public), le contrôle social exercerait quel
que soit le nombre d’individus témoins du comportement contre
normatif.
Chartrand et Bargh (1999) Imitation
L’imitation serait un processus automatique non conscient.
Guéguen
– Martin et Meineri (2011)
L’imitation
servirait aussi « de glu sociale » facilitant la création ou le
renforcement des liens entre individus. Le fait de mimer la posture
et les comportements d’individus (même inconnus), avec lesquels on
interagit, facilite les interactions sociales
Regan
(1971)
La
réciprocité est partagée par l’ensemble des sociétés humaines
: il convient de rendre à autrui un service ou un bien lorsqu’il
nous en a préalablement rendu un. Cette force remonte à l’époque
où la forme d’échanges était le troc (renvoyer l’ascenseur,
donnant donnant).
Dans
un premier temps l’expérimentateur offre du soda à un passant
puis dans un deuxième temps son compère propose aux passants
l’achat d’un billet de tombola. Les résultats obtenus montrent
que les passants achètent plus de billets lorsqu’on leur a offert
du soda.
La
norme de réciprocité est donc un outil puissant de changement de
comportement, que la situation soit privée ou publique, bien que ces
effets ne soient pas durables.
Cialdini
-Trost – Newson (1995)
La
consistance traduit l’idée que nous aimons qu’il règne une
certaine harmonie entre nos idées (consistance cognitive), entre nos
idées et nos comportements (consistance attitude–comportement) est
entre nos comportements (consistance comportementale).
Gawronski
– Strack (2012)
Les
individus témoignant d’une faible consistance préfèrent la
spontanéité, le changement, la non prédictivité de leur
comportement, alors que ceux témoignant d’une forte consistance
font montre d’une régularité de consistance entre leurs attitudes
et leurs comportements.
Howard
(1990)
Il
a testé l’effet combiné de la réciprocité et de la consistance.
Il a montré que la combinaison de ces deux normes est plus efficace
que l’appel à l’une ou l’autre.
L’expérimentateur
envoyait des recettes de cuisine ; dans un deuxième temps il
proposait d’acheter des gâteaux au profit d’une œuvre
caritative.
Cialdini
– Reno – Kallgren (1990) Théorie du focus normatif
Ils
ont été les premiers à proposer un modèle théorique de l’impact
des normes situationnelles sur la prédiction d’un comportement en
fonction du contexte dans lequel il est socialement inséré.
La
théorie du focus normatif distingue la norme descriptive (ce qui est
communément fait), la norme injonctive (ce qui est communément
approuvé désapprouvé, au sein d’un collectif), la norme
personnel (valeurs et croyances personnelles), et norme
environnementales( ce qui est spécifique à l’environnement).
Conformément
à la théorie du focus normatif, les sujets salissaient moins le
parking après avoir vu le compère le salir si la norme descriptive
de la situation était de ne pas salir (c’est-à-dire si le parking
était rutilant de propreté). En revanche, il continuait de salir le
parking déjà sale, se montrant ainsi normatif.
L’adjonction
d’un Smiley souriant et susceptible de stabiliser voire de
renforcer le comportement recommandé. Le Smiley négatif permet de
désapprouver la réalisation d’un comportement non recommandé.
Deux
points à retenir :
- Une
norme prescriptible est liée au contexte, alors qu’une norme
injonctive, parce qu’elle est dépendante des attentes de
l’individu par rapport à ce que son groupe d’appartenance
soutient ou sanctionne, est généralisable
- Une
norme sociale, qu’elle soit descriptive ou injonctive, ne guide de
comportement que si elle est saillante pour l’individu au moment
d’émettre le comportement.
Kiesler
– Sakumura (1966) Théorie de l’engagement
L’engagement
est défini comme le lien qui unit l’individu à ces actes
comportementaux
Joule
– Beauvois (1998) Théorie de l’engagement
Les
deux particularités d’un acte d’engagement :
- D’une
part
- Sur
la visibilité de l’acte, son caractère public sera engageant,
- Son
caractère irrévocable qui sera plus engageant que dans le cas
d’un acte révocable
- Son
caractère répétitif, un acte répété est engageant,
- Ses
conséquences, un acte est d’autant plus engageant qu’il est
lourd de conséquences,
- Son
coût, un acte coûteux en temps, en énergie, en argent, etc. sera
d’autant plus engageant.
- D’autre
part :
- Sur
le contexte de liberté et les raisons de l’acte. Un acte réalisé
dans un contexte de liberté et plus engageant qu’un acte réalisé
dans un contexte de contrainte.
- Ce
point est essentiel c’est ce qui autorise les processus
d’attribution, d’auto responsabilité et d’intériorisation.
Un
acte est d’autant plus engageant ne peut pas être attribué à des
raisons externes (promesses de récompenses, menace de punition) et
qu’il peut être attribué à des réseaux internes (valeurs
personnelles, traits de personnalité).
Si
les réseaux internes sont des facteurs puissants d’engagement, les
raisons externes sont au contraire des facteurs de désengagement
Joule
– Beauvois (1998)
L’engagement
correspond à une situation donnée, aux conditions dans lesquelles
la réalisation d’un acte ne peut être imputable qu’à celui
qu’il a réalisé.
L’engagement
va produire des changements au niveau des attitudes et des
comportements :
- Au
niveau de l’attitude, les effets de l’engagement diffèrent
selon le caractère problématique ou non du comportement.
- Si
le comportement est non problématique (c’est-à-dire conforme
aux attitudes et aux motivations des individus), l’engagement
débouchera sur une stabilisation des attitudes initiales, voir une
radicalisation des attitudes.
- Si
le comportement est problématique (contraire aux attitudes et
motivations) l’engagement produira un changement d’attitude
dans le sens de ce comportement, déclenchant un processus de
réduction de la dissonance.
- Au
niveau du comportement, les effets de l’engagement à court et
long terme se traduisent par une stabilisation du comportement est
souvent par la poursuite dans un cours d’action susceptible d’être
coûteux
Abric
(2011) Représentation sociale
Une
représentation sociale est un ensemble de savoirs transmis entre les
individus appartenant à un même groupe, dans le but de donner un
sens au monde qui les entoure et d’organiser leur conduite.
Elles
fournissent un cadre de référence permettant de mieux comprendre
les effets cognitifs et comportementaux observés dans certains
paradigmes du changement des attitudes et des comportements.